Liberté de critiquer...

Les critiques cassent les couilles des faiseurs de films a casser leurs films

Les réalisateurs et producteurs apprécient de moins en moins de voir leurs films se faire défoncer par les critiques. Ainsi donc, on a vu ces dernières années se multiplier l'habitude de ne plus montrer certains films aux critiques, (voir leur interdire d'en parler !) avant leurs sorties, pour laisser le public se faire une idée par lui même.

On a même vu certains cas de journalistes filtrés lors de projections. "Attends, tu bosses pour tel magazine, toi ? Ils bous ont chiés dessus la dernière fois, alors t'entre pas !"

On a parfois vu fleurir sur les affiches de faux extraits de critiques vantant les qualités du film, venus de critiques qui n'existent pas, mais le plus souvent, et c'est bien plus facile, pour cela, on s'arrangeait avec le critique avant qu'il n'écrive son papier, allant jusqu'à lui "suggérer" quoi écrire presque mot pour mot.

Internet a vu fleurir des "avis exclusifs venus des projections tests" écris par des attaché de presse du film...

Mais, pourquoi je parle de ça aujourd'hui ?

Pourquoi est-ce d'actualité ?

Parce que le cinéma, c'est de l'industrie, de l'argent. On est d'accord ? 

Alors, si on peux poursuivre quelqu'un qui insulte quelqu'un d'autre, alors qu'il n'y a aucun dommage autre que des dégâts "émotionnels", pourquoi ne pourrait-on pas poursuivre quelqu'un pour avoir "nuit a la carrière d'un film" ? Pour avoir "détruit sa réputation" ? 

Car le fait est, qu'un critique, en disant que tel film est de la merde peux, avec ses mots, faire bien plus de mal a la carrière d'un film que le téléchargement de ce dernier...

Cela se complique encore compte tenu du fait que les producteurs paient pour que de la publicité sur leurs films passent sur les sites et dans les magazines. Les sites ou magazines ont acceptés de l'argent pour faire la promotion du film, ils ne "peuvent pas" a côté s'amuser a "casser" le film et a lui faire de la contre publicité, non ?

Sur le site de Variety, où passait le bandeau de publicité pour un film, un des critiques a posté une mauvaise review du dit film en question. Sur plainte du producteur du film et annonceur, la review a été retirée. (Déjà, ça, en soit, ça me gène un peu.) Mais ils envisagent de ne pas en rester là, et de les poursuivre en dommage et intérèts...

En suivant ce modèle, il suffira donc d'acheter un encart publicitaire pour acheter l'avis des critiques du site ou du magazine concerné sous peine de poursuites.

Et tout cela dans un monde qui se veux de plus en plus politiquement correct... Où va-t-on ?

Bientôt plus le droit de critiquer ?

Si je ne l'ai déjà dit ici, je l'ai déjà fait ailleurs :

Sans liberté de blâmer, il n'est point d'éloges flatteurs.

Si on n'a le droit de sortir rien d'autre qu'un compliment, celui-ci est sans valeur.

Comments

[Zorro]

Tu mélanges un peu tout, là...

- Le fait que les producteurs et les créateurs en général n'apprécient pas trop de se faire critiquer est vieux comme le monde, et est plutôt naturel.

- Les relations amour/haines entre critiques et créateurs et les magouilles/situations discutables pouvant en découler sont elles-aussi vieilles comme le monde.

- Et à ce niveau, le milieu du ciné se porte plutôt bien : regarde le milieu littéraire français, par exemple, entre la gestion très particulière du Monde des Livres par Josyane Savigneau qui avait tellement fait de mal à la réputation du journal qu'ils ont du la virer (elle en a tiré un bouquin larmoyant) aux différents prix littéraires dont la crédibilité diminue un peu plus chaque année suite aux nombreux renvois d'ascenseurs, c'est franchement catastrophique. Certes c'est parfois drôle (le couple Moix-BHL nous aura bien fait rire) mais souvent pathétique.

- En comparaison, le milieu du cinéma semble être un modèle de justice et de conscience professionnelle. Faut dire que la plupart des critiques ciné ne sont QUE critiques et pas cinéastes, contrairement aux chroniqueurs littéraires souvent écrivains eux-même, ce qui simplifie énormément les choses et rends plus faible le pouvoir des studios.
Le vrai problème des critiques ciné, c'est pas qu'ils sont corrompus, c'est qu'ils sont pour la plupart incultes et donc incompétents.

- Dans le cas de Iron Cross, la situation semble être que :
=> le film est un tout petit budget, un film indépendant anglais dont personne ne connait l'existence.
=> Variety le mets dans sa liste des favoris pour les oscars (wtf ?) parce que c'est le dernier film de Roy Scheider, et le jour même de la parution appelle les producteurs pour leur proposer un plan média important pour la modique somme de 400 000 dollars. Ca inclue de la pub dans toutes les éditions de Variety jusqu'a la fin des votes, le trailer du film inclus dans un DVD donné gratuitement avec le mag et une couverture.
=> Les producteurs acquiescent, et font un gros cheque.
=> Variety défonce littéralement le film.
=> Les producteurs se sentent trahis, et demandent à Variety d'enlever l'article de leur site
=> Variety obtempère
=> c'est tout.

Chacun en concluera ce qu'il veut, mais c'est surtout les pratiques commerciales de Variety qui me semblent très douteuses : à partir du moment où un journal efface la frontière séparant les département marketing et rédactionnels, il est inévitable que ce genre de clash arrive.